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Le Sud-ouest américain est un territoire « contesté ». De nombreuses industries d’extraction- que ce soit celles, les mines, l’anthropologie, les organisations religieuses, le jeux, le travail sexuel, les industries de recherche et de développement ont colonisé de vastes parties de ce territoire.

Le désert supposé vide, est un paysage de poubelles composées de matières qui vont des déchets nucléaires aux icônes de l’art contemporain américain ( tel que : Sun Tunnels de Nancy Holt, Spiral Jetty de Robert Smithson, Double Negative de Michael Heizer, Roden Crater de James Turrell , Lightning Field de Walter De Maria, et Marfa complex de Donald Judd entre autres.)

Le désert a été militarisé par des sites d’entraînement, des tests d’armement et par un réseau secret de prisons volantes. Le désert a aussi été utilisé pour des camps de concentration et, maintenant, par le système des prisons, en pleine expansion, tout autant que par de nombreuses colonies utopiques et des projets mis en échec, dans lesquels quelques habitants survivent faute de ne pouvoir aller ailleurs. Le désert est aussi le centre d’attention des mouvements anti-immigration le long de la frontière.

Le temps géologique est celui des grands déserts, changement d’échelle aussi bien dans l’espace que dans la temporalité. A l’échelle humaine, de grands chantiers ont profondément altéré l’écologie de la région, comme le vol systématique de l’eau sous couvert de sa gestion.

Le désert est aussi le lieu de nombreuses représentations picturales, réalisé par les peuples natifs, dans des sites comme Chaco Canyon et Canon de Chelly, à partir desquels les batailles d’interprétation et d’utilisations sont encore d’actualité.

L’histoire du Sud Ouest américain est une longue succession de violences, « justifiées » par la prédation de ses ressources : ré-organisation du programme biologique, génocide de ses habitants. Cette appropriation a toujours été militarisée, de la ruée vers l’or en 1849, trente ans plus tard la jonction d’une côte à l’autre des USA par la voie de chemin de fer et, finalement, l’ouverture des territoires au premier arrivé, à qui il sera alloué 360 acres….

On comprend bien donc que ce territoire est traversé par de multiples récits dont les interprétations et les points de vues sont contradictoires. Ses représentations sont l’objet de contestations, de luttes sémiotiques qui établissent les frontières, à la fois symboliques et très réelles, et qui en font l’Histoire. Néanmoins, loin d’une collecte « objective » telle que la proposent les projets d’histoire locale, ce projet est aussi un projet épistémologique : comment sait-on ce que l’on sait ? quelles sont les histoires d’histoires ? comment se situe-t-on dans ces histoires exotiques, étranges, empreintes d’un profond romantisme ? en quoi la vision distante et en même temps très familière pour des étudiants français est-elle décalée par rapport aux perceptions des étudiants d’Amérique du Nord ?
Le fantasme historique du voyageur, qui peut échapper à sa condition de touriste, deviendra productif. Alors les étudiants seront mis en situation de devenir les « guides » des territoires traversés. Nous nous attacherons ainsi à la manière dont le territoire a été « approprié, utilisé et perçu » à travers ce road trip, oxymore d’une dérive cadrée.

Le cadre de cette dérive s’établira dans la préparation des deux cours, en France et au USA. Les étudiant-es seront chacun-e en charge d’un segment du projet, d’un « mot clé » de leur choix [un-e artiste, un thème, un lieu, une temporalité, une matière, un concept, un niveau de lecture des cultures, une-s histoire-s, les géographies et leurs cartographies]. Elles et ils suivront la méthode qui leur est la plus appropriée, ce, évidemment, de préférence en relation avec leurs travaux personnels. Ces « mots clés » sont en cours d’élaboration alors que nous préparons ce travail à distance dans nos cours respectifs à travers un site web commun, et des rendez vous par Skype. Ce site sera bien sûr un site de dépôt des informations autour du projet : organisation des références biblio-filmo-webo-graphiques, et il se déploiera le temps du voyage pour garder trace de la chronologie.
Ce travail se prolongera au semestre d’automne 2011, par la mise en place d’une exposition au Center for Land Use Interpretation à Wendover (http://www.clui.org/).

Il est prévu que l’année prochaine, les étudiants américains vienne continuer ce travail dans en Région Centre.